63-1_AMANDA

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE

Sous-famille Polyommatinae
Genre
Polyommatus
(Sous-genre
Agrodiaetus)



45 Polyommatus amandus
L’Azuré de la Jarosse


Origine et répartition

Eurasiatique.
Afrique du Nord (Maroc et Algérie), Espagne, Sud de la France, Europe du Nord-Est, de l’Est et du Sud-Est, Turquie, Ouest de l’Asie jusqu’en Iran.

Type

Papilio amandus Schneider, 1792 ; LT : Suède. Egalement connu sous le nom d’icarius Esper, 1789 (homonyme invalide).

Taxa au Maroc

Polyommatus amandus abdelaziz (Blachier, 1908) ; LT : Haut Atlas (Maroc)
Polyommatus amandus pseudotova ssp. nova

Distribution au Maroc

Diffusion très disjointe et caractéristique d’une espèce en perdition. Lycène prééminent dans le secteur de l’Oukaïmeden (Haut Atlas du Toubkal), notamment sur les riches rives de l’Asif-n-Aït-Iren (hélas de plus en plus porteur des eaux usées pestilentielles et des poubelles de la station touristique et des casernes en amont), mais d’une présence très diluée et de plus en plus menacée dans le Rif (Djebels Tisuka, Lakraa et Tidiquin), devenue rarissime dans le Moyen Atlas (quelques stations éteintes ou en déclin au-dessus d’Azrou, à Aïn-Leuh et au cœur du Djebel Tarharhat). Apparemment absent du Djebel Ayachi ou l’une des Vesces abonde sur le versant septentrional (Jaffar). Habite finalement tant l’écorégion des forêts humides (Rif, Moyen Atlas) où se manifeste pseudotova ssp. nova, que celle de l’horizon inférieur des steppes atlasiques froides de l’oroméditerranéen (Haut Atlas central) où vole la ssp. abdelaziz. 1500-2600 m.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles : 7.

Carte-amandus


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Sur diverses Vesces selon les régions et les écosystèmes : Vicia onobrychioides en haute montagne (Haut Atlas central), V. onobrychioides et V. tenuifolia dans la cédraie et la sapinière (Moyen Atlas et Rif) (Fabaceae).
L’imago butine de préférence les inflorescences de sa Vesce.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Haut Atlas central : bas de versants bien exposés, florifères et riverains de cours d’eau du montagnard méditerranéen à bioclimat humide. Rif et Moyen Atlas : troués forestières broussailleuses ou grands ravins ombreux et abrupts du supraméditerranéen et du montagnard méditerranéen à bioclimats humide à perhumide, là où croît en mosaïque la Vesce-hôte.
La plante offrant des qualités pastorales de forte appétabilité, ses pans sont la proie du cheptel et il ne reste ni Vesce, ni P. amandus dès le passage du premier troupeau. C’est ainsi que dans un Maroc partout surpâturé, ce papillon voit sa distribution en dramatique régression. Monophage, il est irréversiblement biffé de son habitat si la plante est broutée trop précocement ou systématiquement. Au début des années 90, il existait encore pas mal de stations à l’abri par le biais des périmètres de reboisement. Toutes ont été paradoxalement éradiquées dès qu’est arrivé l’effet d’annonce du développement durable dont le marketing a permis de masquer un saccage soudainement exponentiel et pervers. Cette vision acerbe s’appuie sur des observations documentées. Les ravages des chèvres dans le Rif (l’amélioration de la race rifaine est soutenue par des partenariats européens...) ont considérablement raréfié la biodiversité et les P. amandus des montagnes de Chefchaouen et de Ketama. Les moutons qui broutent frauduleusement les périmètres de l’escarpement d’Azrou (Ousmaa, etc.) ont eut raison de la meilleure localité de l’espèce dans le Moyen Atlas. Seule la scrupuleuse gestion des transhumances dans le Haut Atlas central permet – pour l’instant – un excellent maintien du peuplement de l’Oukaïmeden. S’ils sortaient un peu de leurs conférences intra-muros, les responsables des méthodes conservatoires pourraient s’inquiéter de l’aspect présence/absence de ce type de Lépidoptère, indicateur sensible du processus de désertification et de détérioration de la ceinture verte des Atlas.

Phénologie

Mai-juin.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésohygrophile, montigène, myrmécophile.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen.

Peu menacé dans le Haut Atlas central (où sa phénologie imaginale et son estivation larvaire lui permettent d’esquiver l’arrivée des transhumances qui chaque été piétinent son site et broutent sa plante), en voie d’extinction dans le Moyen Atlas central et le Rif.