30-6_Quercus

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE


Sous-familleTheclinae
Genre
Quercusia

23 Quercusia quercus
La Thécla du Chêne


Origine et répartition

Elément faunistique holoméditerranéen.
Afrique du Nord. Essentiel de l’Europe, au nord jusqu’en Fennoscandie méridionale, à l’est jusqu’en Russie, puis en Asie Mineure jusqu’en Arménie. Présent dans bien des îles grecques du Dodécanèse et de l’Egée orientale, ainsi que dans celles de la Tyrrhénide.

Type

Papilio quercus Linnaeus 1758, Systema Natura, 1 : 482 ; LT : non précisé (probablement Angleterre).

Taxon au Maroc

Quercusia quercus iberica (Staudinger, 1901) ; LT  : Péninsule ibérique et Maurétanie (Maroc).

Distribution au Maroc

Populations disjointes dans tout le Maroc montagneux et non saharien, dans les écorégions des forêts humides et de celles sclérophylles. Implanté çà et là, sous forme de localisations parfois denses, dans les chênaies vertes des régions forestières accidentées du Rif, des Monts de l’Oriental, du Moyen Atlas et du Haut Atlas où, plus rare, et jusqu’à 2500 m, il accompagne le Chêne vert jusqu’à l’horizon inférieur encore arboré de l’oroméditerranéen à bioclimat subhumide.

Cartographie nationale (2003)

Nombres de mailles 10 x 10 km : 29.

Carte-quercus-2005


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Quercus rotundifolia et Q. coccifera (le Chêne kermès est quasiment éteint au Maroc), possiblement aussi sur Fraxinus excelsior (à confirmer).
Les adultes négligent les inflorescences et ne descendent guère au sol. Ils demeurent dans la frondaison des Chênes qui les ont vus naître, où selon diverses observations encore approximatives, ils sembleraient profiter du miellat des Pucerons qu’ils recueilleraient sur les feuilles.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Chênaies vertes non altérées. Comme il en est pour la plupart des Lycènes arboricoles, les colonies se manifestent fidèlement d’années en années sur un même groupe d’arbres, généralement bien exposés en surplomb de la masse forestière, d’un chemin ou d’une trouée, toujours en frondaisons surchauffées. Héliophile les jours tempérés, la Thécla du Chêne devient franchement sciaphile quand les ardeurs solaires sont trop mordantes, ne volant plus qu’en fin de journée et jusqu’aux prémices crépusculaires.
Comme ce Lycène ne fréquente que la chênaie pluristratifiée et plus spécialement les manteaux préforestiers et les franges arbustives, c’est un bon indicateur de la conservation de la chênaie verte. Loin d’être un redoutable ravageur de l’essence qu’elle parasite, la Thécla du Chêne pourrait constituer un excellent outil pour le forestier ne considérant pas la forêt comme une mine, mais au contraire comme un patrimoine à préserver. La chênaie verte couvre au Maroc une superficie de presque 1.500.000 ha, majoritairement en montagne, et la prospection de cette masse considérable n’a guère livré qu’une modeste trentaine de colonies de Quercusia quercus ! La localisation de chaque dème ne dépassant guère quelques ares, le Lycène n’habiterait donc que 0,000022 % d’un territoire potentiel peuplé par sa plante nourricière. Ce chiffre, ou même son décuple, est ahurissant ! La raison de cette paucité est sans nul doute le piètre état de cet habitat, subissant tout autant la pression pastorale que la surexploitation forestière. Un autre Lycène tributaire du même hôte, Satyrium esculi Hübner, 1804, semble par contre parfaitement profiter de l’affaiblissement du Chêne vert, participant chroniquement en acmés démographiques à sa curée, avec quelques autres espèces invasives et grandes défoliatrices des Chênes sclérophylles, telle la Noctuelle Catocala nymphagoga. A contrario, Quercusia quercus est un élément assez sténoèce dont les paramètres de sensibilité écologique sont mal connus et qui ne s’accommode nullement du saccage du sous-bois. Ce papillon prend donc la tangente dès que le pastoralisme ou la foresterie maltraite son milieu. C’est pourquoi l’essentiel de ses derniers isolats est notamment recensé en des périmètres en défends ou dans quelques secteurs fortuitement peu accessibles. Il est évidemment très sensible aux effets écotoxiques des traitements à l’encontre tant de la Processionnaire du Chêne que de celle du Cèdre.

Phénologie

Monogoneutique à éclosion assez tardive, de la fin juin à la fin août, selon la latitude, l’altitude et l’exposition.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésophile, sylvicole, frondicole, myrmécophile, territorialiste, patrouilleur.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Faible.

Vulnérable (étroites localisations).