29-1_ESTHERAE

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE


Sous-familleTheclinae
Genre
Cigaritis

22 Cigaritis allardi

Le Faux-cuivré mauresque


Origine et répartition

Endémique nord-africain.
Maroc, Algérie.

Type

Cigaritis allardi Oberthür, 1909 ; LT : Sebdou (Algérie).

Taxa au Maroc

Cigaritis allardi occidentalis Le Cerf, 1923 ; LT : El-Harcha (Maroc).

C. allardi meridionalis Riley, 1925 ; LT : Djebel Mekner (Algérie). 

C. allardi estherae Brévignon, 1984 ; LT : environs d’Agadir (Maroc).

Distribution au Maroc

La ssp. occidentalis occupe les stations du Plateau Central (notamment dans la région d’Oulmès, en Pays Zaër) ; du Moyen Atlas central tabulaire : Plateau d’Ito, alentours d’Azrou, Forêt de Tourtite ; et du Moyen Atlas méridional : Tizi-n-Aït-Ouirra (au-dessus de El-Ksiba). Une colonie méconnue et mal étudiée habite aussi le Moyen Atlas septentrional plissé, au Djebel Tazzeka. Le seul dème très fourni est celui de la suberaie d’Oulmès. Répartition verticale : de 1000 à 1500m.
La ssp. meridionalis a été contactée d’une part au Tizi-n-Tazouguart (au nord-ouest de Missour) et d’autre part dans le Haut Dadès - Todrà (Haut Atlas oriental), au Tizi-n-Ouguerd-Zegzaoune. Toujours de très faible fréquence. De 1700 à 2500 m.
La ssp. estherae est propre au grand Sud-Ouest marocain, depuis le versant méridional du Haut Atlas centro-occidental au Tizi-n-Tichka (route de Telouet), au Tizi-n-Test et plus encore vers l’ouest jusqu’à Tassademt (sud-ouest d’Argana) et les environs d’Agadir ; l’Anti-Atlas sud-occidental : Col de Kerdous, Tanalt, Djebel Lekst (nombreuses stations : Tizi-n-Tarakatine, Khemis-des-Ida-ou-Gnidif, Aït-Iftene, Tizi-n-Tagounit, Anezi, etc.), Tafraoute, Tlata-Tasrite, etc. ; l’Anti-Atlas oriental au Djebel Bani (Tizi-n-Ounzour). Fortement dépendant des aléas climatiques, l’effectif peut se révéler dense lors des saisons de bonne pluviosité, très faible en cas de stress hydrique. De 1000 à 2000 m.

Cartographie nationale (2003)

Nombres de mailles 10 x 10 km : 19.

Carte-allardi


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Polyphage sur Cistaceae : Helianthemum hirtum, Fumana thymifolia, Cistus salvifolius ; Fabaceae : Genista quadriflora, G. ferox. Bien d’autres plantes sont pressenties.
Pour leurs dépenses énergétiques, les imagos ont recours au nectar de diverses inflorescences, mais les Lavandes et notamment Lavandula stoechas sont parmi les plus appréciées. Dans l’Anti-Atlas sud-occidentale, les fleurs de la plante arbustive Globularia alypum arabica (Globulariaceae) sont très appréciées.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

La ssp. occidentalis habite l’étage mésoméditerranéen d’une zone bioclimatique subhumide, où l’habitat est constitué par les trouées agencées dans la suberaie, la tétraclinaie, l’arbouseraie, la chaméropaie de basses montagnes cristallines. La niche écologique est toujours individualisée par les trouées d’un paysage préforestier ou du type matorral clair plus ou moins élevé, où interviennent des ligneuses assez hélioxérophiles et bien adaptées aux sols érodés, comme les Cistacées, les Genêts, etc.
La ssp. meridionalis est au Maroc cantonnée dans un tout autre écosystème relevant de la haute steppe avec un habitat ouvert et pentu, sur un substrat écorché du montagnard méditerranéen à bioclimat semi-aride.
Enfin, la ssp. estherae est en majeure partie intégrée dans les arganeraies de montagne de la Vallée du Souss et de l’Anti-Atlas, où elle côtoie souvent la végétation macaronésienne des étages thermo et mésoméditerranéens du bioclimat semi-aride, dont les moyennes annuelles de précipitations ne sont que de 200 à 400 mm. Ses preferenda écologiques la cantonnent au matorral bas et en brosse, aux lits caillouteux des oueds temporaires amplement ourlés de plantes ligneuses (Genêts, Cistes, Lavandes, Thyms), aux massifs de Palmiers nains, aux abords des affleurements et aux falaises les mieux exposées et maigrement garnies.
Au nord de son aire, Cigaritis allardi occidentalis est un excellent indicateur du maquis pluristratifié, voire de certains sous-bois de la chênaie à Quercus suber où sa présence atteste d’une exploitation minimale et durable de ce milieu. Il ne craint guère les parcours à condition qu’ils soient extensifs et très espacés. Au sud, ce Cuivré caractérise l’arganeraie et sa présence témoigne d’une préservation (hélas toujours parcellaire) d’un relatif équilibre, d’où la rareté de ses colonies qui ne tolèrent évidemment pas un sol compacté et dénudé par le cheptel caprin et ovin. Le ramassage excessif des plantes fourragères, et notamment des ligneux à l’usage de la dendroénergie, s’avère fatal à quelques-unes de ses implantations (Djebel Lekst). Cigaritis allardi estherae est donc un bon outil pour le suivi de ce milieu. L’espèce fuit partout les milieux à broussailles arasées et peut nous renseigner sur les dangers encourus par la manie technocratique du toilettage préforestier, dont l’argument de lutte contre les risques d’incendie ne résiste pas à l’examen approfondi de la question.

Phénologie

Février à fin mai, plus vraisemblablement au fil d’une longue et unique génération aux émergences perlées que de deux générations successives.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésoxérotermophile, sylvicole (occidentalis) ou rupicole (meridionalis, estherae), montigène, myrmécophile, territorialiste (percheur), opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Faible.

Vulnérable.