54-1_BAVIUS

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE

Sous-famille Polyommatinae
Genre
Pseudophilotes

38 Pseudophilotes bavius
L’Azuré de la Sauge


Origine et répartition

Ponto-méditerranéen.
Maghreb occidental (Maroc, Algérie), Hongrie, Grèce, Asie Mineure jusqu’au sud de l’Oural.

Type

Lycaena bavius Eversmann, 1832 ; LT : Russie.

Taxon au Maroc

Pseudophilotes bavius fatma (Oberthür, 1890) ; LT : Lambessa (Algérie).
L’Azuré maghrébin de la Sauge.

Distribution au Maroc

Diffusion très condensée s’encartant dans l’écorégion des forêts humides du Moyen Atlas central océanique symbolisée par le Cèdre : Imouzzèr-Kandar, Ifrane, Tizi-n-Tretten, Aïn-Leuh, Azrou, Ito, Col du Zad, région d’Itzer, Tizi-Tanout-ou-Fillali. Faible étagement altitudinal de 1500 à 1900 m.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles : 11.

Carte-bavius


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Monophage aux dépends de Salvia argentea (Lamiaceae).
L’imago est rarement surpris loin des jeunes Sauges dont les larges feuilles radicales de base, pileuses et prostrées au sol dans leurs premiers stades, génèrent une forte rosée dont les deux sexes se délectent au premier soleil matinal. Les papillons ne quittent leur Sauge-hôte qu’en fin de photophase pour se regrouper sur quelques bromes bien exposés qu’ils investissent en dortoir. L’adulte butine parfois les Thyms.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

L’Azuré de la Sauge est un adepte des parcelles lacunaires, vastes creux en clairière, terrasses de reboisement en lisière, cuvettes humides du causse calcaire, partout où les abords sylvatiques de la cédraie mixte ou de certains reboisements de substitution à végétation courte génèrent la présence en mosaïque de la Sauge argentée. Tributaire de l’effet de lisière et des grandes trouées, il est radicalement absent de la forêt trop hermétique. Tout comme sa plante, il investit de préférence les zones de reboisements récents. Les années favorables, l’effectif peut être exceptionnellement fourni dans les stations indemnes d’interventions humaines.
Ce remarquable subendémique est l’un des papillons insignes du Moyen Atlas. Il s’impose comme un excellent témoin de l’équilibre des espaces herbifères préforestiers. Il redoute tout autant les envahissements graminéens et arborescents que la pression des parcours, voire même une trop forte fréquentation anthropique dont le piétinement est néfaste à sa plante. Apte à une rapide conquête des nouveaux périmètres en défends, il est un excellent outil local de biosurveillance pour le contrôle des programmes de régénération du Cèdre, attestant de la qualité du substrat végétal, voire à moyen terme d’une fréquence de pâture durable. Une présence modérée d’herbivores permet un entretien salutaire de son habitat électif, alors qu’en surnombre elle menace les papillons en dévorant avec prédilection les pédoncules floraux, supports trophiques des chenilles. Aux alentours immédiats d’Ifrane, plusieurs stations très prodigues en flore et en faunule, repérées entre 1992 et 1995, ont vu la présence de l’Azuré de la Sauge, puis subséquemment de toute la biodiversité, disparaître suite à l’irruption inopinée d’activités récréatives dominicales. La colonie très dense du col du Tanout-ou-Fillali, qui bénéficiait d’un périmètre de reboisement en plantules de Cèdre, à été décimée lorsque la sécheresse récurrente du milieu des années 90 « obligea » le garde local à permettre une irruption « fortuite » du cheptel, avec anéantissement tant des jeunes arbres que de P. bavius et de tout son cortège. Mêmes observations documentées en la plupart des stations du Plateau d’Ito (où les clôtures barbelées qui n’étaient déjà pas à toute épreuve viennent de sauter !), près d’Imouzzèr (reconversion d’un riche secteur forestier protégé en zone de parcours intensif, puis en parc à sangliers pour de lamentables safaris organisés), dans l’immense prairie mitoyenne à la Maison forestière d’Ousmaa (escarpement d’Azrou) où le déferlement illégal et quotidien de plusieurs troupeaux ont anéanti le magnifique résultat de décennies d’efforts de conservation. Il est intéressant de noter que ces violations furent concomitantes avec la promulgation du Parc naturel d’Ifrane et l’ensevelissement d’un budget pharaonique dans une version bien fantaisiste du développement durable.
Si l’on prenait Pseudophilotes bavius comme indicateur exemplaire des herbages ceignant la cédraie, les moutons de l’an 2100 (et leurs consommateurs aléatoires) nous en seraient reconnaissants. Le contrôle d’impact par l’outil-papillon n’a hélas que peu de chance de faire des émules dans le camp des décideurs pour la bonne raison qu’il engendrerait une politique à long terme, peu porteuse de gratification et de promotion électoraliste.

Phénologie

Une seule et assez brève génération s’intercalant entre mai et la mi-juin.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésohygrophile, héliophile, praticole (sylvicole), montigène, territorialiste, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Bon.

En danger (extrême localisation et saccage des stations).