35-2_MAURETANICA

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
LYCAENIDAE


Sous-familleTheclinae
Genre
Tomares

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Tomares mauretanicus

Le Faux-Cuivré du Sainfoin


Origine et répartition

Endémo-maghrébin.
Maroc, Algérie, Tunisie.

Type

Polyommatus mauretanicus Lucas, 1849 ; LT : Bougie (Algérie).

Taxa au Maroc

Tomares mauretanicus mauretanicus (Lucas, 1849) ; LT : Bougie (Algérie).
T. mauretanicus antonius Brévignon, 1984 ; LT : Col du Zad, Moyen Atlas (Maroc).
T. mauretanicus amelnorum Tarrier, 1997 : LT : Aït-Baha, Anti-Atlas (Maroc).

Distribution au Maroc

Quasiment tout le Maroc non saharien, avec une présence nettement plus diluée dans le Nord rifain où il n’a été contacté qu’en quelques stations et toujours d’un faible effectif (Djebel Ben-Karriche, Djebel Tassaot, Chefchaouen, Mokrissèt, Djebel Zerhoun), Moyen-Atlas (très nombreuses localités, surtout dans le Moyen Atlas tabulaire), Haut Atlas (au fil de toute la chaîne) et Anti-Atlas où il modifie quelque peu ses affinités tant écologiques qu’éthologiques. Se manifeste depuis le niveau de la mer (Aglou-plage, Agadir, Cap Rhir, Essaouira) jusqu’à 2800 m (pentes du Toubkal, du Siroua, etc.), mais les populations les plus dynamiques sont toujours entre 1500 et 2400 m. Non connu du Nord-Est où il devrait pourtant investir différents paysages favorables. La ssp. antonius peut être attribuée aux peuplements du Rif et du Moyen Atlas, tandis que la ssp. amelnorum est propre au Sud-Ouest non saharien (région d’Agadir, Souss-Massa, Anti-Atlas sud-occidental). Les sujets extérieurs à ces secteurs sont à considérer comme affins à la forme nominative.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles : 56.

Carte-mauretanicus


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Les Fabacées suivantes ont été signalées par les observateurs : Hippocrepis multisiliquosa, H. minor, Hedysarum pallidum, Astragalus epiglottis et A. pentaqglottis.
L’adulte butine les fleurs de la plupart des plantes basses confinées dans son modeste biotope.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Bien que toujours localisé, c’est un Lycène de grande élasticité écologique, se manifestant dans une gamme apparemment très disparate d’habitats, les peuplements pouvant être pour le moins catégorisés en deux types écologiques : ceux des terrains calcaires et ceux des parcelles cristallines. On rencontre souvent le type silicicole en orée forestière, en marge de certaines lavandaies et la figure estrême est le dème qui vole au niveau de la mer, en décembre-janvier, sur les espaces dunaires reboisés d’Eucalyptus du cordon littoral du Souss-Massa (d’Agadir à Tiznit). Toutes figures et lithologies confondues, ses habitats sont les friches, les ermes, les pelouses xériques et mésophiles, les versants écorchés, les périmètres des forêts sèches, les zones préforestières en mosaïque, plus rarement les abords des cultures vivrières, toujours sur un substrat âpre et caillouteux, principalement calcaire, mais aussi siliceux. Dans l’arganeraie de l’Anti-Atlas, la ssp. amelnorum peut se confiner dans les ravins. Le Faux-Cuivré du Sainfoin qui est toujours rare dans le Rif et les Atlas subsahariens, présente des populations excessivement fournies, avec des acmés sporadiques, sur les causses du Moyen Atlas central et au plancher supérieur de l’étage montagnard méditerranéen du Haut Atlas. C’est une espèce qui se maintient parfaitement dans les trouées et les layons après l’afforestation de son site, notamment dans les formations semi-sèches des pinèdes à Pin d’Alep (Ben-Karriche dans le Rif, Forêt de Tourtite dans le Moyen Atlas, versant méridional du Tizi-n-Test dans le Haut Atlas, etc.) Cohabite fort souvent avec T. ballus dont les dates d’apparitions sont les mêmes.
C’est le meilleur indicateur des Tomares duettistes, partout sympatrides et souvent syntopiques, car c’est apparemment le plus sensible aux atteintes de son habitat. En moyenne montagne, qui semble représenter son habitat idéal, volant très tôt sur une végétation rase, il y est persécuté par le cheptel et, observation significative, il ne se maintient en forte densité qu’à la faveur des espaces délaissés et des pourtours des périmètres protégés (reboisement). Ses localisations de haute montagne sont les mieux préservées pour n’être guère fréquentées lors de l’éclosion précoce et de la ponte. Dans les plaines, il a plus ou moins été exclu par les activités humaines, à tel point que ce Lycène passe désormais dans les guides pour une espèce strictement montagnarde. Dans le Sud-Ouest (ssp. amelnorum), où il est quasiment sylvicole dans la forêt claire à Argania spinosa, il témoigne – par sa rareté – de l’érosion paroxystique du sol surpâturé et de l’anéantissement de toute cette région écartelée entre l’agrumiculture intempestive et le surpompage à la clé (baisse dramatique des nappes phréatiques), l’élevage surnuméraire et le tourisme massif. Dans cette région, sonder chaque décennie la densité des populations de Tomares mauretanicus reviendrait à pouvoir étalonner la dégradation du milieu dont le corollaire est la désertification. Plus la déforestation avance, plus l’aquifère baisse, plus le sol est scalpé et moins il y a de Tomares... et d’avenir. Le Faux-Cuivé du Sainfoin est à considérer dans les opérations de gestion conservatoire, de diagnostics et de contrôles d’impact. Au sein d’un panel de données cycliquement suivies, son critère présence/absence est une information sur les modifications intervenues et souvent peu perceptibles.

Phénologie

Univoltin de janvier à mai en haute montagne. Actif par temps nuageux si la température est douce. Tout comme l’espèce précédente, Tomares mauretanicus est l’un des pionniers du calendrier, des émergences pouvant avoir lieu dès la fin décembre en certaines localités bien exposées, même en altitude. C’est ainsi que l’adulte peut être ensuite pénalisé par une baisse de la température qui s’illustre par un gel nocturne. Les redoux sont fréquents dès la fin de l’hiver mais des descentes du thermomètre peuvent avoir lieu jusqu’en avril-mai dans les montagnes marocaines. En dépit de leur chitine riche en graisse et de leur forte pilosité pour affronter de telles oscillations, si les rigueurs sont extrêmes, certains sujets n’y survivent pas. Bien d’autres écloront ensuite... Mais de nombreuses observations matinales ont montré des Faux-Cuivrés engourdis et littéralement « couchés », ailes closes, contre le sol. Réchauffés, ils sortent progressivement de cette « catalepsie », reprenant l’usage des pattes, se redressant, ajustant leurs ailes à l’angle le plus judicieux du soleil, puis s’envolant.

Identité éco-éthologique

Sténoèce (en dépit de l’éclectisme de ses types d’habitats), mésoxérophile, rupicole, sylvicole d’opportunité, ? myrmécophile , territorialiste (le mâle pratique un hilltopping « miniaturisé » sur quelques modestes rochers surplombant son non moins modeste domaine), opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Faible.

Peu menacé, sauf la ssp. amelnorum : en danger.