26-c-Sinapis

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
PIERIDAE

Sous-famille Dismorphiinae
Genre Leptidea


20 Leptidea sinapis
La Piéride de la Moutarde ou la Piéride du Lotier


(Présence incertaine)

Origine et répartition

Eurasiatique.
Maroc ( ?), Europe, Asie Mineure jusqu’en Syrie, au Caucase, en Sibérie et au Tian Shan.

Type

Leptidea sinapis Linnaeus, 1758 ; LT : Suède (Verity, 1947).

Taxon au Maroc

Leptidea sinapis Linnaeus, 1758 ; LT : Suède (Verity, 1947).

Distribution au Maroc

La Piéride de la Moutarde volant abondamment dans les biotopes appropriés d’Andalousie, jusque dans les suberaies les plus humides du littoral de Cadix, ainsi que dans le Sud du Portugal dans la province de l’Algarve, sa présence nord-africaine et notamment marocaine n’aurait rien d’étonnant. Si certains auteurs, (dont Tennent, 1996) ont cru bon éliminer toute présence de Leptidea de leurs inventaires, ce n’est pas seulement pour n’en avoir pas retrouvé la trace lors de leurs prospections (ce qui serait une attitude pour le moins suspecte quand on sait que certaines espèces que nous découvrons nous-mêmes peuvent être portées disparues dès les années suivantes sous l’emprise d’une quelconque pression !), mais en raison d’éléments douteux rencontrés dans l’enquête afférente aux spécimens prétendument capturés au Maghreb et pour la plupart conservés et consultables.
Il en est ainsi d’anciennes références tant de Leptidea duponcheli (Staudinger, 1871) (Oberthür, 1909 pour un sujet de la collection Boisduval étiqueté « Atlas » ; Fison, 1932 pour un spécimen non capturé lors de ses propres voyages en Algérie mais fourni par Henry Jerome Turner) que de L. sinapis (toujours Oberthür, 1909 pour des exemplaires algériens de Boisduval) dont on ne peut jurer du sérieux des provenances. Pour ce qui concerne trois mâles et deux femelles de L. sinapis bien plus récemment rapportés par Dumont (1975), récoltés par R. Joqué et M. Nelissen le 19 juillet 1971 à la « Cascade des Vierges », à l’époque station prolixe du Val d’Ifrane, dans le cadre d’une mission universitaire sous la direction du dit Henri J. Dumont, c’est la composition du prélèvement qui rend l’information énigmatique. Les mentions d’espèces accompagnatrices à la mi-juillet comme Euchloe belemia et Tomares ballus qu’il est hors de question de voir voler à Ifrane au-delà du début de juin pour la premier citée, et de mai pour la seconde, même une année fort tardive comme celle de 1971 (argument de Dumont), sont pour le moins troublantes. Dumont avait la renommée d’un entomologiste professionnel très sérieux et ces spécimens ont été vus à l’époque par ses collègues, dont Serge G. Kiriakoff et Ronny Lesstmans. Un couple demeure dans les collections du British Museum. Enfin, on pouvait lire la mention du Rif dans la distribution de Leptidea sinapis du guide de Higgins et Riley (1983) dont, selon Tennent (1996), un spécimen de la collection Higgins déposé au British Museum et portant l’étiquette « Maroc, (mai) 1971 » serait la source de cette assertion.
Comme on peut en juger, toutes ces références relatives à une existence maghrébine de la Piéride de la Moutarde sont d’une manière ou d’une autre nébuleuses et entachées d’incertitude quand ce n’est pas de franche suspicion. Il n’en reste pas moins que l’éventualité de cette présence, pour le moins dans le Rif occidental et le Moyen Atlas tabulaire, ne doit pas être écartée, et qu’en tout cas sont inexistence est improuvable. Le Val d’Ifrane (Oued Tizguid, Cascade des Vierges, Source Vittel) constituait un habitat d’exception, un refuge riche en présences relictuelles et les espèces qui en ont été biffées depuis la moitié du siècle antérieur sont légion. C’est la conséquence d’une dense fréquentation humaine conjointe à cette richesse biologique. On peut donner quelques exemples éloquents de l’érosion génétique de cette ancienne poche de biodiversité atlasique. Depuis 1992, nous n’avons pas été capables de retrouver la trace de Zygaena trifolii lachiveri Barragué, Zygène subendémique qui n’en fut décrite qu’en 1986 et qui y volait jusque dans les années 80 du siècle passé ; Zygaena elodia Powell, 1934 et Euchloe tagis atlasica n’y sont plus repérables ; Argynnis lyauteyi et A. auresiana maroccana y sont en déclin accéléré, etc.

Plantes-hôtes

Il s’agit de Légumineuses (Fabacées) qui en Europe méridionale sont généralement Lotus corniculatus, Vicia cracca, Dorycnium pentaphyllum et plusieurs espèces de Gesses (Pois de senteur) comme Lathyrus pratensis, L. tuberosus, L. montanus, L. grandiflorus, L. linifolius, L. vernus, L. niger, L. aphaca. Il existe une trentaine de Lathyrus dans les régions bien arrosées du Maroc, certaines fort communes dans le Rif et le Moyen Atlas comme L. tingitanus, L. aphaca, L. tenuifolius, etc.

Types d’habitats

Bois clairs, lisières, broussailles humides, ourlets arbustifs des prairies, l’habitat ifranais concerné correspondant parfaitement à ces faciès.

Phénologie


Vole selon l’altitude en deux ou trois générations dans le Sud Ibérique, la première étant très précoce (mars) dans les basses montagnes de la frange littorale.


Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésohygrophile, sylvicole, frondicole, mâle patrouilleur.