16-1_CHARLONIA

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
PIERIDAE


Sous-famille Pierinae
Genre
Euchloe
(Sous-genre
Elphinstonia)

13 Euchloe charlonia
La Piéride de la Cléome ou la Piéride soufrée


Origine et répartition

Erémitique saharo-arabique.
Canaries orientales, Maghreb, Nord du Tchad, Soudan, Egypte, Arabie Saoudite, Oman, Jordanie, Israël, Syrie, Irak.
E. bazae Fabiano, 1993, et E. iberae Back, Olivares & Leestmans, 2005, espèces géminées à degrés de vicariance discutables, représentent E. charlonia en Espagne par deux paléo-indigénats relictuels, le premier dans la dépression intrabétique (Grenade), le second dans celle de l’Ebre (Huesca), deux régions à faibles précipitations (600 mm). Au Liban, au Turkménistan, en Iran, au Pakistan, dans le nord-ouest de l’Inde, E. charlonia est absent et d’autres Elphinstonia se manifestent comme E. penia Freyer, 1852 (Liban, Iran du Nord-Ouest, Turquie, Macédoine, Grèce septentrionale, Péloponnèse), E. transcaspica Staudinger, 1891 (Iran, Turkménistan), E. lucilla Butler, 1886 (Pakistan, Afghanistan oriental, nord-ouest de l’Inde). Etc. (Back et Leestmans, 1992). De ce sous-genre, E. charlonia et E. lucilla sont les éléments érémitiques.

Type

Anthocharis charlonia Donzel, 1842 ; LT : Emsilah (Algérie).

Taxon au Maroc

Euchloe charlonia charlonia (Donzel, 1842) ; LT : Emsilah, Algérie.

Distribution au Maroc

Partout mais surtout sur les versants méridionaux des Moyen et Haut Atlas, dans l’Atlas Tellien, dans les Anti-Atlas et sur toute la frange saharienne. Les années pluvieuses, la Piéride de la Cléome est alors de rencontre fréquente dans tout le Sahara depuis la frontière algérienne jusqu’à celle mauritanienne. Au Sahara occidental, elle est notamment commune dans tous les maaders du Drâa. 0-2200 m. Divaguant jusqu’à 3000 m (Djebel Bou-Iblane dans le Moyen Atlas, Tizi-n-Tamda et Djebel Oukaïmeden dans le Haut Atlas).
Rare et souvent sporadique au Nord où le papillon est apporté par des flux migratoires occasionnels durant les années de surpopulation. Lors de ces mouvements de régulation, un peu à l’instar de Colotis evagore, c’est une Piéride qui offre alors une diffusion uniforme sur tout ou partie du territoire, y compris en des écosystèmes qui lui sont totalement étrangers (comme la cédraie !). Il semble néanmoins que le papillon ait colonisé quelques sites secs et chauds du Maroc humide, la présence d’imagos y étant récurrente depuis de longues années. C’est le cas de très modestes dèmes repérés et suivis dans l’Atlas Tellien : tétraclinaie des Monts de Beni-Snassen ; dans le Moyen Atlas : cédraie d’Ifrane, chênaie verte de la Forêt de Tourtite, tétraclinaie du Tizi-n-Aït-Ouirra (El-Ksiba) ; sur le Plateau Central : suberaies du Djebel El-Khatouat et de la région d’Oulmès.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 197.

Carte-charlonia


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Nombreuses espèces de Diplotaxis, Succowia balearica, Moricandia arvensis, Matthiola fruticulosa, Eruca vesicaria, M. parviflora, M. lunata, Cleome africana (Brassicaceae), Reseda villosa (Resedaceae), Eryngium tenue (Apiaceae) nourrissent la larve.
L’imago est un butineur plutôt généraliste, dont les inflorescences de Crucifères érémicoles ont sa préférence.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Spécialiste des zones arides : escarpements insolés, vallées arides, friches et jachères oasiennes, palmeraies, achebs à thérophytes pionnières, dunes littorales et continentales, regs, maaders, grarats des écosystèmes sahariens. Parfois en forêts sèches dans le nord de son aire (Moyen Atlas, Rif oriental, Atlas Tellien) qui sont peut-être des colonisations récentes. Se rencontre occasionnellement à l’étage altimontain.
Inapte à évaluer la santé d’un site, cette Piéride n’apporte rien à la bioindication positive. Sur le modèle de la Piéride du Câprier et d’autres espèces invasives, elle apparaîtrait plutôt comme un indicateur négatif de l’aridification des sols, épousant les phases successives du processus de dégradation (steppisation, thérophytisation, désertification). Dans la région d’Agadir, très dégradée tant par l’agrumiculture intensive qui déboise l’arganeraie que par le surpâturage qui tasse le sol et le mitage de l’urbanisation qui défigure et produit des décombres, elle se substitue par exemple au cortège originel d’espèces sensibles et dorénavant éradiquées. C’est le cas sur la frange littorale mais aussi dans l’arganeraie déconstruite où E. charlonia se contente de la végétation précaire des bords de route et des terrains vagues, et du tapis d’annuelles subnitrophiles.

Phénologie

Voltinisme strictement induit par l’occurrence des précipitations, jusqu’à quatre ou cinq générations potentielles en années favorables, généralement abondant l’hiver (depuis décembre-janvier).

Identité éco-éthologique

Ubiquiste dans son domaine, rudéral, migrateur local, xérothermophile, rupicole, érémicole, anémophile, territorialiste (hilltopper), patrouilleur, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Bon.

Peu menacé.