17-1_Zegris

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
PIERIDAE


Sous-famille Pierinae
Genre
Zegris

14 Zegris eupheme
La Piéride du Raifort ou l’Aurore d’Esper


Origine et répartition

Holoméditerranéen attestant d’autres refuges glaciaires, qui semble absent de la zone centrale méditerranéenne mais qui s’étend jusqu’aux confins de la Chine.
Maroc, Sud de l’Espagne, Ukraine, Caucase, Sud de l’Oural, Kazakhstan, Turkménistan, Altaï, Turquie, Nord-Ouest de l’Arabie jusqu’à l’Iran (nombreuses sous-espèces fortes).

Type

Papilio eupheme Esper, 1782 ; LT : Russie.

Taxon au Maroc

Zegris eupheme maroccana Bernardi, 1950 ; LT : Ifrane (Maroc). 

Distribution au Maroc

Aire très fragmentée dans la partie moyenne du pays, semble absent du Nord rifain et tellien (alors qu’il est présent sur la rive andalouse). Cette espèce accuse une translation altitudinale progressive d’autant plus que les indigénats s’approchent de l’Equateur (500 à 1000 m en Espagne, plus de 1500 m dans le Moyen Atlas, plus de 2000 m dans le Haut Atlas). Etages supraméditerranéen et montagnard méditerranéen des bioclimats subhumide et humide. 1600-2800 m.
Moyen Atlas : Djebel Bou-Iblane au Tizi-bou-Zabel (thuriféraie en défends), Almis-des-Marmoucha (cultures), sud de Sefrou (meseta), Imouzzèr-Kandar (cultures), Ifrane (causse), Tizi-n-Tretten (reboisement du Cèdre), Mischliffen (prairies), Djebel Hebri (reboisement du Cèdre), Timahdite (cultures), Foum-Kheneg (cultures), Aguelmame de Sidi-Ali (thuriféraie en défends), Col du Zad (cédraie en défends), Aït-Oufella (cultures), Djebel Tarharhat (cédraie en défends), Tizi-n-Rechou (cultures), Tizi-n-Tanout-ou-Fillali (reboisement du Cèdre), Aghbala (cultures), Cherket (cultures).
Haut Atlas : Plateau des lacs d’Imilchil (Tislit, Iseli) (alpages), Djebel Inouzane (alpages), Djebel Azourki au Tizi-n-Tamda (cultures), Plateau de l’Oukaïmeden, Asif-n-Aït-Iren, Asif Tiferguine, (alpages), Tacheddirt (jardins).
Anti-Atlas nord-occidental : Djebel Siroua, par place depuis Askaoun jusqu’au Tizi-n-Melloul (cultures et pâturages).

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 24.

Carte-eupheme


Plantes-hôtes et sources nectarifères

La chenille se développe sur quelques Brassicacées nitrophiles à pétales jaunes : Isatis tinctoria (partout) et I. djurdjurae (Foum-Kheneg !), ainsi que Hirschfeldia (Sinapis) incana.
L’imago est inconditionnel de la plante de sa larve, butinant aussi par méprise quelques autres Crucifères ségétales aux inflorescences jaunes. L’espèce étant ainsi fragilisée par l’absence de dédoublement écologique larve-adulte. En fin de journée et après leur incessante patrouille, les mâles concentrent leur vol dans le secteur des pans de crucifères jaunes favorisés par les ultimes rayons du soleil déclinant. Ils s’y endorment parfois en nombre, couples compris, fixés aux inflorescences et parfaitement camouflés sur les inflorescences jaunes par l’efficace homotypie de leur revers alaire.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Prés mésophiles, friches et périmètres des cultures céréalières riches en fleurs ségétales, bermes des routes et des chemins agricoles, versants fleuris des montagnes, causses tabulaires et univers mésétien, lisières notamment de la forêt de Cèdres. Que ce soit sous l’aspect de ses biotopes en cultures vivrières ou en orées forestières soit mises en défends, soit en régénération (reboisement), sans qu’il soit commensal sensu stricto le lien antropogène de Zegris eupheme est manifeste.
C’est l’un des plus beaux papillons diurnes du Maroc, subtil indicateur de la tolérance pour les « mauvaises herbes » dont la persécution irraisonnée est très préjudiciable à la biodiversité. Cette remarquable espèce s’effondre en Espagne face aux pressions économiques de l’agriculture intensive, du défrichement superflu et excessif des oliveraies et des amandaies, et de la pratique imbécile du girobroyeur sur les bermes des routes et des chemins agricoles. C’est une grande chance que le Maroc ne soit pas encore contaminé par l’envie de faire table-rase de la malherbologie.

Phénologie

Monogoneutique fin avril à fin juin, selon les années, l’altitude et l’exposition.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, rudéral, mésophile, praticole, montigène (altimontain au Sud), patrouilleur, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Bon.

Vulnérable.