RHOPALOCERA
PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE
Sous-famille Satyrinae


La grande sous-famille des Satyrinae (quelques 1500 espèces), laquelle a longtemps représenté une famille à part entière, regroupe des Papillons majoritairement obscurs et ornementés d'ocelles postmédians, à vol bas et généralement lent et sautillant (sauf dans le genre Berberia), localisés et sédentaires. La seule exception au registre brun de ces Papillons est celle des Echiquiers du genre Melanargia dont les adultes sont échiquetés de noir et de blanc. Les ailes antérieures présentent au moins une nervure dilatée à la base, liée à un organe tympanique alaire. La plupart des espèces donnent un adulte tardif (estival) et à forte protandrie (émergence de la femelle n’intervenant généralement qu’une dizaine de jours après celle du mâle). Le sex-ratio est nettement favorable aux mâles. La longévité des imagos de certains genres (Chazara, Hipparchia, Maniola...), avec une interface léthargique durant les semaines caniculaires, donne parfois en Afrique du Nord l’illusion de deux générations. La courbe populationnelle n’offre guère de pic mais au contraire un plateau prolongé, avec effectifs assez constants. Mais comme en Afrique du Nord, bien des Satyrines monovoltines sont aptes à entrer en diapause peu après leur éclosion si les conditions ambiantes (notamment hygrométriques) s’avèrent trop défavorables, ces espèces peuvent alors passer inaperçues jusqu’aux premiers rafraîchissements de septembre, voire avant à la faveur du moindre orage orographique. On peut donc constater des effectifs assez fournis de Berberia et autres Chazara prieuri ou Hipparchia algiricus si la période est appropriée, ou au contraire attendre la fin de l’été pour n’apercevoir que quelques sujets souvent bien défraîchis.

Dans la plupart des genres à affinités rupicoles, les mâles sont percheurs, ailes fermées, ne laissant entrevoir que l’ocelle apical. L’existence d’ocelles tend à dévier les attaques des Lézards et des Oiseaux vers des parties moins vitales de l’imago. En période de pariade, les espèces de certains genres de cette famille (notamment
Hipparchia, Chazara, Pseudochazara, Berberia, etc.) montrent une parade nuptiale assez raffinée. Après une course poursuite de la femelle repérée et durant laquelle le mâle se pose réitèrement derrière, celui-ci l’immobilise en lui faisant face. La femelle frémissante, antennes contrées en arrière, est enfin contactée latéralement pour l’accouplement. Le cérémonial des préliminaires peut durer de longues minutes (spécialement prolongé chez les Berberia) mais la présence de mâles suppléants contribue parfois à l’échec, la femelle s’échappant par un vol ascensionnel en spirale avant de se laisser chuter pour fuir en ricochets. Les chenilles cryptiques vertes ou brunes, ornées de rayures longitudinales, sont de mœurs nocturnes et se développent sur des Graminées prairiales, steppiques ou forestières. Fusiformes et glabres, à petite tête ronde, elles sont démunies de tubercules et d’épines mais portent une pointe bifide à l’extrémité anale. Ne se nourrissant que la nuit ou par temps couvert, elles demeurent sinon enfouies au cœur de la touffe graminéenne. Cette éthologie participe à une protection relativement efficace à l’encontre du passage du cheptel et même de la fauchaison, perturbations souvent concomitantes avec les stades les plus sensibles.

Les Graminées étant assez pauvres en protéines, la croissance larvaire nécessite parfois de longs mois, comprenant une période de diapause hivernale. C’est pourquoi la grande majorité des Satyrines sont monogoneutiques. Les chrysalides sont suspendues verticales à une plante basse ou à une touffe de Graminée, parfois dans une tente lâche constituées de feuilles rassemblées (Melanargia, Maniola, Hyponephele, Coenonympha), ou reposent dans le substrat superficiel du sol, fixées par l’abdomen (Pyronia), ou encore libres, superficiellement enterrées dans une cavité précaire sous des végétaux (Hipparchia, Chazara, Pseudochazara, Satyrus, Berberia, Arethusana). Les espèces de cette sous-famille représentent à eux-seuls un tiers des Rhopalocères de la faune paléarctique. Les Moirés du vaste genre Erebia qui peuple toutes les montagnes de l’hémisphère Nord sont absents des montagnes de l’Afrique berbérique.