96-4_HANSII

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE

Sous-famille Satyrinae
Genre Hipparchia
(Sous-genre Neohipparchia)

70 Hipparchia hansii
La Fausse-Coronide

 
Origine et répartition

Endémique nord-africain.
Maroc, Algérie, Tunisie, Libye occidentale.

Type

Satyrus hansii Austaut, 1879 ; LT : Daya (Algérie).

Taxa au Maroc

Hipparchia hansii colombati (Oberthür, 1921) ; LT : Azrou, Moyen Atlas (Maroc).
H. hansii edithae Tarrier, 1995 ; LT : Tizi-n-Talrhemt, Haut Atlas oriental (Maroc).
H. hansii tansleyi Tarrier, 1995 ; LT : Tizi-n-Taghatine, Anti-Atlas nord-oriental (Maroc).
H. hansii subsaharae Tarrier 2002 ; LT : Tizi-n-Tazazert, Anti-Atlas nord-oriental (Maroc).
H. hansii pseudostatilinus ssp. nova

Distribution au Maroc

Partout, par colonies généralement très localisées et souvent abondantes (cf. la distribution respective pour chaque entité raciale). Depuis quelques 200 m jusqu’à 2600 m. Absent du domaine saharien mais avec des avancées subsahariennes très engagées et répertoriées dans le Sud-Ouest marocain jusqu’aux Djebels Sarhro, Bani et Lekst, reste à rechercher dans le Sud-Est (montagnes de Boudnib, de Figuig). Ne pénètre ni les cultures, ni les oasis, ni les savanes à Jujubier ou à Gommier.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 69.

Carte-hansii


Plantes-hôtes et sources nectarifères

La larve est oligophage sur une gamme probablement très large de Poacées.
L’adulte est peu nectarivore, parfois sur Urginea maritima (région d’Oujda). D’autres sources énergétiques (matières organiques, suintements...) n’ont guère été relevées. Les imagos peuvent se résoudre à pomper l’humidité du sol en matinée.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Le panel d’habitats susceptibles d’abriter la niche écologique de cette espèce est très large, avec pour dénominateur commun la présence d’un xérobromion agrémenté d’une vaste élévation lapilleuse très aérée susceptible de satisfaire les mâles à la fois très rupicoles et anémophiles, et adeptes invétérés du hilltopping.
Les dèmes se localisent toujours en biotopes âpres et rocailleux, plus ou moins garnis d’un brometum, soit de type ouvert : causses, affleurements, escarpements, surplombs, plateaux dénudés, replats, tertres, buttes, dômes, calottes et éperons rocheux, tous pierriers sommitaux, zones tabulaires de calcaires karstiques (ruiniformes), dorsales squelettiques, abrupts et vires des falaises, combes, gorges et goulets d’étranglement, éboulis, flancs écorchés, pentes maigrement herbacées, collines alfatières à éminence rocailleuse ; soit de type préforestier : lisières pierreuses des formations forestières (notamment cédraie mixte, tétraclinaie, juniperaie, chênaie verte, arganeraie), ouvertures du matorral.
Compte tenu de la relative exiguïté de la niche écologique d’H. hansii (et de son espace de vol puisqu’il s’agit d’un sédentaire confiné), laquelle niche définit seule et indépendamment du potentiel de fécondité la taille finale d’une population, ce papillon « condamné » à voler en une période « impossible » s’affiche comme éminemment bioindicateur et révélateur des bouleversements bioclimatiques de l’actuel réchauffement global par déshydratation et altération du milieu. Ces vertus indicatrices hyper sensibles pourraient constituer un outil fiable, notamment pour une gestion rapprochée d’écosystèmes fragilisés comme l’arganeraie du Sud-Ouest marocain. Ne bénéficiant pas du possible repli forestier propre à H. statilinus, il réagit ipso facto à la pression du surpâturage par un recul rapidement transformé en disparition. Les colonies les plus étoffées sont propres aux secteurs protégés, peu accessibles ou oubliés. Papillon des situations extrêmes, sa forte particularité à voler dans un paysage nu de fin d’été, déshabillé de sa végétation par le passage des mois caniculaires, n’en font pas moins une espèce exigeante, foncièrement sténoèce, aux subtiles contraintes traduites par sa forte localisation. Son spectre bioécologique ample ne doit pas faire passer H. hansii pour un vulgaire ubiquiste et n’enlève rien à sa fragilité vis-à -vis des exactions anthropiques.

Phénologie

Monogoneutique depuis la fin août pour les sites du Sud ou de bas niveaux jusqu’au début octobre, avec une protandrie très accusée. Tardif et dépendant donc de conditions favorables et providentielles pouvant générer une fécondité maximale, la démographie de ce Rhopalocère peut atteindre la capacité totale de sa niche les fins d’été pluvieuses et bénéficiant d’un rafraîchissement. En cas contraire, un dème peut s’avérer fortement appauvri en imagos, une forte mortalité et non une diapause prorogée jusqu’à la saison prochaine étant censément à l’origine.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésoxérophile, rupicole, montigène, anémophile, territorialiste percheur (mâle hilltopper), opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen. Les auteurs ne furent jamais très loquaces quant à cet intéressant papillon, nanti d’une bibliographie déficitaire et considéré comme « rare » jusqu’à nos missions marocaines qui lui conférèrent un meilleur éclairage biogéographique, cartographique et éthologique. Il reste encore fort à faire pour en connaître la biologie.

Peu menacé/vulnérable (situation très irrégulière selon les écorégions).