77-2_CINXIA

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE

Sous-famille Nymphalinae
Genre
Melitaea


54 Melitaea cinxia
La Mélitée du Plantain


Origine et répartition

Eurasiatique.
Maghreb occidental, de l’Europe de l’Ouest jusqu’en Mongolie par l’Eurasie tempérée.

Type

Papilio cinxia Linnaeus, 1758 ; LT : Suède (Verity, 1950).

Taxa au Maroc

Melitaea cinxia eupompe Hemming, 1933 (nommé en remplacement de M. cinxia algirica Oberthür, 1915 ; LT : Sebdou, Algérie, invalide).
M. cinxia atlantis Le Cerf, 1923 ; LT : Djebel Tachddirt, Haut Atlas marocain (Maroc).

Distribution au Maroc

La ssp. eupompe habite le Moyen Atlas des forêts humides, tandis que la ssp. atlantis se rencontre dans tout le Haut Atlas, particulièrement sur les Hauts Plateaux d’Imilchil, les Massifs du M’Goun et du Toubkal où elle est bien caractérisée, ainsi que sur le Mont Siroua un peu plus au sud, soit l’écorégion des steppes atlasiques des hautes altitudes. 1500-2800 m.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 28.

Carte-cinxia


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Divers Asteraceae : Centaurea pullata, Scorzonera pygmaea, alors qu’en Europe, la chenille est inféodée aux Plantains, voire aux Véroniques.
L’imago est un butineur de la plupart des fleurs prairiales, notamment des petites Astéracées.

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Montagnarde, cette Mélitée est au Maghreb nettement plus hygrophile qu’en Europe, ne survivant que dans les prairies sylvatiques les plus humides du Moyen Atlas (région d’Ifrane-Timahdite) et les mouillères (pozzines), pelouses suintantes et rives des cours d’eau du Haut Atlas (refuge orophile du Toubkal), généralement sur les ubacs.
L’avenir du papillon est ainsi lié aux formations naturelles herbacées puissantes à base d’hémicryptophytes et de géophytes hygrophiles, en particulier des Graminées (surtout du genre Festuca) et des Cypéracées. Ainsi caractérisé, cet espace de vol de l’adulte doit aussi comporter sur-place ou mitoyenne la Centaurée nourricière de la larve, afin que la notion d’habitat soit réalisée.
A l’instar de Melitaea aetherie Hübner, M. cinxia est quasiment absent de ses sites desséchés les années de fort déficit hydrique. Il est ainsi l’un des meilleurs marqueurs des ultimes prairies et pâturages préservés. En proie à une lente désertification causée par le réchauffement global, la plupart des anciens sites humides voient leur dessèchement accéléré par le déboisement mais surtout exacerbé par le surpâturage et ses corollaires la compaction du substrat et la solifluxion du sol. M. cinxia supporte donc une éradication progressive. Papillon très banal et répandu au temps du protectorat, il a pris la tangente d’une série éloquente de biotopes saccagés et ses colonies encore fécondes se comptent sur les doigts d’une main. Les anciens peuplements (documentés par la bibliographie de nos aînés), s’ils n’ont pas été vidés, n’offrent plus que le spectacle de petits dèmes discrets, voire de quelques individus quasiment erratiques et voués à une prochaine extinction. Cette déplorable gestion des clairières, des herbages de haute montagne et des rives d’asifs, qui sont la proie de troupeaux aux têtes exponentielles, cache bien mal la fatale issue des ressources hydriques par perte des qualités du sol. Mais quelle autorité muselée pourrait bien écouter un naturaliste et sa Mélitée du Plantain !

Phénologie

Monovoltin au Maroc en raison de l’élévation des habitats, lors d’une brève apparition en mai ou juin selon l’altitude et l’exposition.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, hygrophile, praticole, ripicole, montigène-orophile, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen.
En danger (ssp. eupompe) ; vulnérable (ssp. atlantis).