83-1_AURINIA

RHOPALOCERA PAPILIONOIDEA
NYMPHALIDAE

Sous-famille Nymphalinae
Genre
Euphydryas

58 Euphydryas aurinia
Le Damier de la Succise


Origine et répartition

Eurasiatique (Eurosibérien).
Maroc, Algérie, Europe, Asie tempérée jusqu’en Corée.

Type

Papilio aurinia Rottemburg, 1775 ; LT : Paris.

Taxa au Maroc

Euphydryas aurinia beckeri (Lederer, 1853) ; LT : Sud de l’Espagne (Cadiz).
Le Damier du Chèvrefeuille.
E. aurinia ellisoni (Rungs, 1950) ; LT : Ifrane (Maroc).

Distribution au Maroc

Propre à la Péninsule ibérique et à la Cordillère bético-rifaine, la ssp. beckeri habite le Rif occidental et central, depuis la Péninsule tingitane, la région de Chefchaouen jusqu’aux environs de Ketama (Djebels Bouhachem, Kelti, Tassaot, Tisouka, Pays des Beni-Routen, Djebels Lakraa, Adebdal, Tisirene, Tidiquin).
Dans le Moyen Atlas central et méridional vole la ssp. ellisoni (Massif du Kandar, région d’Ifrane, d’El-Ksiba jusqu’aux illiçaies d’Ouaouizarht et du Djebel Tazerkount (Afourèr). 1000-1800 m.
Le Damier de la Succise est curieusement absent de certains secteurs très favorables de l’Anti-Atlas sud-occidental (intérieur du Djebel Lekst) où la plante-hôte est présente.

Cartographie nationale (2003)

Nombre de mailles 10 x 10 km : 16.

Carte-aurinia


Plantes-hôtes et sources nectarifères

Au Maroc, l’espèce est inféodée aux Caprifoliacées du genre Lonicera (Chèvrefeuille) dont sept espèces habitent les montagnes marocaines couvertes. Surtout sur Lonicera implexa, L. biflora et L. etrusca, mais aussi sur L. periclymenum (substrat acide) et L. kabylica (sapinières rifaines). En Espagne et en Europe pour les autres sous-espèces, la larve est également inféodée à la Succise (Succisa pratensis) et à des Scabiosa spp., ainsi qu’à des petites Gentianes, à la Valériane, etc. L’espèce est polyphage mais chacune de ses sous-espèces est monophage, chaque complexe racial possèdant sa propre source trophique. Les Chèvrefeuilles qui sont peu élus par l’espèce en Europe semblent être les plantes-hôtes quasi exclusives au Maghreb.
L’imago aime à butiner les Scabieuses, certains Cistes et quelques Bruyères (Nord-Ouest).

Types d’habitats, conservation et attributions bioindicatives

Lisières des chênaies sclérophylles et parfois feuillues (Rif), atteint la sapinière et la cédraie, aussi dans la tétraclinaie (El-Ksiba) et l’arbouseraie, chemins et layons forestiers bien ensoleillés, marges des tourbières (Rif). Le matorral plus ou moins dense, notamment avec cistaie, est pour E. aurinia beckeri et ellisoni un espace de vol nettement préféré aux formations herbacées. Les colonies se développent aussi bien sur calcaires que sur les sites siliceux (maquis), des étages subhumide et humide.
Espèce-phare des lépidoptéristes européens protectionnistes, très adulée par les textes conservationnistes, Euphydryas aurinia est presque partout en sursis. Seule la ssp. beckeri tire son épingle du jeu par le biais de son Chèvrefeuille-nourricier dont la survie, tant en Espagne qu’au Maroc, ne semble pas trop hypothétique. Les divers Chèvrefeuilles, arbustes ou lianes, sont d’une excellente résilience : certaines espèces sont d’ailleurs utilisées en haies décoratives dans les conditions peu écologiques des lotissements du Sud espagnol ! A tel point qu’ils entrent, avec Arbutus unedo et Quercus rotundifolia arbustif, dans le cortège résiduel des sites de parcours forestiers intensifs qui font la honte du biopatrimoine nord-africain et dont le matorral arboré illustre la transformation régressive de l’ancienne forêt. C’est notamment le cas dans le Massif du Kandar et tout le Moyen Atlas méridional. En ces lieux meurtris, Euphydryas aurinia, Satyrium esculi et Callophris avis y sont les derniers papillons vestiges d’une biodiversité érodée à l’extrême. Un défrichement parcimonieux, l’aménagement de clairières mosaïquées, de layons et de coupe-feu sont favorables à la dynamique populationnelle de cette espèce qui craint finalement davantage la forêt climacique et fermée qu’une certaine transformation. Mais ce Damier semble sensible à d’autres facteurs non identifiés : certains dèmes autrefois très denses se sont récemment effondrés, notamment celui topotypique de la ssp. ellisoni à Ifrane où les représentants sont désormais rarissimes. Ce peut être le résultat d’un excès d’hygiène forestière avec arasement des lianes. En attestant le bien fondé d’un certain éclaircissement favorable au papillon, ou du peu d’impact des parcours à son égard, il n’en demeure pas moins que dans l’esprit pervers d’un aménagement en forêt de parc, la lutte non raisonnée contre les broussailles reste incontestablement nuisible.

Phénologie

Univoltin depuis mai (pionniers dès avril) jusqu’à la fin juin. Le plus souvent très abondant durant les quelques jours du pic d’apparition.

Identité éco-éthologique

Sténoèce, mésophile, héliophile, sylvicole, frondicole, territorialiste, patrouilleur, opportuniste.

Etat de connaissance et statut conservatoire

Moyen.

Peu menacé (euphémisme signifiant ici et strictement dans le contexte local « ne craint guère les menaces »).