Une autre vision
de l’Afrique du Nord


A l’examen des origines de ses composants floristiques et faunistiques, il est parfaitement possible de proposer une copie revue et corrigée de la notion du Maghreb, peu dogmatique, éloignée d’une priorité tout inspirée des théories de la tectonique des plaques et de la dérive des continents, tout comme de nos habitudes géopolitiques culturelles.

Il y a environ cinq millions d'années, peu après la rencontre de l'Europe et de l'Afrique, de nouveaux déplacements de plaques ouvrent le Détroit de Gibraltar et permettent à l'Atlantique de se déverser dans la Méditerranée. Cette « Afrique berbérique » n’est présentement qu’à 14,5 km de l’Europe, reliée par la Cordillère bético-rifaine unissant les deux rives. Berbères et Ibères sont proches parents. Les affinités botaniques et zoologiques du peuplement nord-africain trouvent l’essentiel de leurs résonances au sein des cortèges européens et l’interprétation biogéographique qu’elles induisent prêchent en faveur de l’attribution révisée de l’Afrique du Nord à l’Europe du Sud, sorte d’Eurafrique. Tunisie, Algérie et Maroc ne sont africains que par leurs provinces sahariennes. Par leur climat, leurs paysages, leurs peuplements animaux et végétaux, leur appartenance méditerranéenne est prééminente. Dans ce postulat, le Sahara devient alors la réelle frontière naturelle entre l’Europe et l’Afrique.

Pour le botaniste, le zoologiste et le biogéographe (mais peut-être moins pour le paléogéographe ?), la liste non exhaustive des indices pouvant témoigner en faveur d’une nouvelle grille de lecture comprend par exemple : la signification des vicariances du Détroit de Gibraltar ; l’observation sur les deux rives d’innombrables espèces géminées et d’un panel d’analogies spécifiques documentées de part et d’autre, héritage éloquent témoignant d’échanges au temps de la fin du Miocène et de la grande baisse du niveau méditerranéen dite crise messinienne ; le très faible pourcentage d’éléments de caractérisation afro-érémienne et tropicale participant aux associations marocaines et maghrébines en très grande majorité composées d’entités paléarctiques (et essentiellement méditerraneo-occidentales) ; la parcimonie de vestiges tropicaux antérieurs (secteurs saharo-sahélien, saharo-soudanien et macaronésien), qualitativement significatifs mais statistiquement négligeables ; une consonance d’espèces relictuelles d’origine boréo-alpines à l’étage oroméditerranéen du toit du Maghreb (Mont Toubkal) ; etc.

Si l’on choisit les Rhopalocères (Papillons diurnes) comme témoins, sur la centaine d’espèces répertoriée au Maroc, soixante-dix se retrouvent de part et d’autre du détroit et sont ainsi communes aux deux continents, appartenant pour la plupart à la sphère atlanto-méditerranéenne (centre de dispersion ibéro-maurétanien), voire eurasiatique. De ce contingent, une cinquantaine de taxons « s’enfoncent » jusqu’au sud des Atlas, et seulement une quinzaine ne « s’agrippent » que de peu au socle africain en n’outrepassant pas le domaine alpin du Rif, ou ne montrant que de médiocres indigénats dans le domaine hercynien intra-atlasique. Quant au domaine saharo-arabique (ou irano-touranien) produisant des espèces xérophiles steppicoles (déserticoles), il se résume à moins de dix intervenants et très rares sont ceux attestant une bonne pénétration vers le nord au-delà de la frange subsaharienne, voire du revers méridional du Haut Atlas. On exclut évidemment de cette analyse les quelques dispersals pouvant profiter opportunément de l’actuel réchauffement global et de la translation latitudinale qu’elle implique pour prendre, à la faveur des courants éoliens ou d’une remontée clandestine sur un support improvisé, la tangente septentrionale (souvent même au-delà de la limite du palmier de la frange euro-méditerranéenne), avec la rencontre inopinée de la plante-hôte pour une installation aléatoire et anecdotique.

Aucun esprit scientifique fervent de biogéographie ne serait susceptible d’ « extraire » les pays du Maghreb du zonobiome de la Méditerranée occidentale. Une preuve pratique en est que tous les ouvrages et guides traitant des flores et faunes européennes incluent le plus généralement dans leurs thèmes et leurs titres « et d’Afrique du Nord ». Il n’est pas pensable de pouvoir traiter d’une plante ou d’un Insecte de la péninsule Ibérique sans chercher à y inclure les données de son homologue ou représentant maroco-algérien, idem pour la péninsule Italique et la Tunisie (Détroit de Messine), l’ensemble entrant dans le concept atlanto-méditerranéen, voire ibéro-maghrébin bien compris.

L’Afrique du Nord pourrait n’être un trompe-l’œil sémantique et culturel ne correspondant qu’à un « détail » tectonique, si tant est que la biogéographie (tout comme la paléobiologie) et l’étude des sphères floristiques et faunistiques puisse être culturellement prééminentes à la considération du faciès des croûtes. Vue de l’esprit ?



Le Maroc
« Au Maroc, gouverner c’est pleuvoir. »
Lyautey

Généralités

La découverte de haches de pierre nous enseigne que la contrée correspondant au Maroc actuel aurait été habitée il y a quelque 200.000 ans par des Hominidés. Les préhistoriens ont également mis à jour des restes de type néandertalien, provenant de chasseurs du désert et datant de 30.000 ans av. J.-C. Les premiers occupants connus du Maroc sont les Berbères, que l'on pense être venus d'Asie du Sud-Ouest.

Situé à l'extrême nord-ouest du continent africain, entre le 36e et le 21e parallèle, cet État du Maghreb est limité à l'est et au sud-est par l'Algérie, au sud par la Mauritanie, à l'ouest par l'Océan atlantique, au nord par la Mer Méditerranée. L’islamisation des autochtones berbères remonte à la conquête arabe des VIIe et VIIIe siècles. Le Maghreb comprend le Maroc, l’Algérie et la Tunisie, auxquels on doit joindre la Libye et la Mauritanie dans la notion de Grand Maghreb.

Nommé par les géographes arabes pays de « l'extrême couchant » (al-maghreb al-aqsâ), le Royaume du Maroc est divisé en régions bioclimatiques contrastées. Ouvert aux influences occidentales, ce pays a développé une civilisation originale au sein du monde arabe. Sa superficie atteint 710.850 km, avec 512 km de rives méditerranéennes et 2934 km de côtes atlantiques.

Le Maroc compte 30 millions d’habitants (2001). La densité démographique (moyenne de 38 habitants /km2) est très variable selon les régions : 90 % des habitants vivent au nord de l'Atlas et le chiffre s’effondre à 5 habitants / km2 dans le Sud-Est marocain. C’est un pays jeune : plus d’un tiers de la population avait moins de 15 ans lors du recensement de 1994. Le taux annuel de croissance démographique est de 1,71 % (2001). L’espérance de vie est de 67,2 ans pour les Hommes et de 71,7 ans pour les femmes (2001). Le taux de fécondité reste élevé (environ quatre enfants par femme (1995) pour un taux de mortalité relativement faible (6 ‰) (1997). La population a plus que doublé en vingt ans et l’estimation pour 2025 prédit une population de 48 millions. Le taux d'urbanisation (% de la population totale) est de 55,3 % (1999). Le Maroc est très marqué par l’agriculture qui occupe 40 % de la population active, représente 17 % du PIB et près du tiers des exportations. L'islam (sunnite melkite) est religion officielle.

La capitale est Rabat (1,5 millions d'habitants) et les principales villes sont : Casablanca (3,2 millions d'habitants), Fès (719.000), Marrakech (644.000), Oujda (490.000), Tétouan (484.000), Meknès (484.000), Agadir (420.000), Tanger (410.000). Le territoire est divisé en seize régions qui sont : Oued-Eddahab-Lagouira (deux provinces), Laâyoune-Boujdour-Sakia-El-Hamra (deux provinces), Guelmim-Es-Smara (cinq  provinces), Souss-Massa-Drâa (cinq provinces et deux préfectures), Gharb-Chrarda-Béni-Hassen (deux provinces), Chaouia-Ouardigha (trois provinces), Marrakech-Tensift-Al-Haouz (quatre provinces), l'Oriental (cinq provinces et une préfecture), la région du Grand Casablanca (neuf préfectures), Rabat-Salé-Zemmour-Zaër (une province et quatre préfecture), Doukkala-Abda (deux provinces), Tadla-Azilal (deux provinces), Meknès-Tafilalt (quatre provinces et deux préfectures), Fès-Boulmane (deux provinces et trois préfectures), Taza-Al-Hoceima-Taounate (trois provinces), Tanger-Tétouan (trois provinces et deux préfectures.) Il est à signaler que dans le cadre de la politique de régionalisation adoptée par le Maroc, chaque région bénéficie désormais du statut de collectivité locale.

L’arabe classique du Coran est la langue officielle, avec son dérivé véhiculaire l’arabe dialectal marocain (derija). Le français est quotidiennement pratiqué par l’élite (enseignement supérieur, administration, affaires) et l’espagnol localement utilisé sur les territoires de l’ancien protectorat lui correspondant (Rif, Sahara marocain). L’anglais est évidemment de plus en plus pratiqué. Mais la société marocaine, très composite, est fortement berbérophone et plus de la moitié de la population, rurale comme citadine, parle un idiome berbère maternel. Au Maroc, cette langue peut se diviser en deux grands groupes : le zénète et le beraber-chleuh. Sous le qualificatif de zénète, la coutume est de ranger le parler rifain (tarifit) et ses variantes des Beni-Snassen, des Beni-Bou-Zeggou, des petites tribus Zkara du Maroc oriental, et plus au sud des Aït-Seghrouchen et de la région subsaharienne de Figuig. Le beraber-chleuh se subdivise en deux dialectes bien distincts : le tamazight du Maroc central (tamazight du Nord dans le Moyen Atlas, tamazight du Sud dans le Haut Atlas oriental) et le tachelhit (tachelhit d’obédience demnati du Haut Atlas, tachelhit d’obédience soussi, ou Chleuh du Souss et de l’Anti-Atlas). La langue berbère ne s’écrit pas et pour la transcrire, on a recours aux caractères latins, bien que de nombreux sons n’aient pas de concordance en français. Quant au hassanya, c’est un dialecte arabe parlé dans la région de Guelmim et au Sahara marocain.

Les arabophones sont dans leur grande majorité des Berbères arabisés : les invasions arabes des VIIe et VIIIe siècles, puis celles hilaliennes des XIe et XIIe siècles, n'ont finalement entraîné l'installation que de quelques dizaines de milliers d'Hommes. Mais la société marocaine en a été si profondément marquée qu'il est maintenant légitime de parler de culture arabo-berbère, même si chacun des deux groupes conserve et revendique sa propre spécificité. La population juive, aux origines diverses (Berbères judaïsés avant l'ère chrétienne, Juifs réfugiés après l'expulsion d'Espagne en 1492), représentait jusqu’en 1948 un effectif de quelques 260.000 personnes, regroupées dans les mellahs, quartiers juifs des medinas. Le chiffre s’est très sensiblement réduit suite aux émigrations vers Israël, la France et le Canada. L'origine des populations noires haratines, notamment présentes dans les oasis présahariennes, est encore mal élucidée : une partie pourrait être descendante d'anciens peuplements maures autochtones installés avant la désertification du Sahara, une autre des esclaves d'origine soudanaise. Les Européens, environ 500.000 vers la fin des Protectorats français et espagnol, ne comptent plus que 100.000 sujets. Presque 2.000.000 de Marocains vivent à l'étranger, dont la moitié en France.


Aperçus du Maroc physique
Le Maroc est divisé en trois domaines : le domaine montagneux (Rif et Atlas), le domaine atlantique (plateaux et plaines) et le domaine aride de l’Oriental et du secteur saharien.

La structure du Maroc, comme de l’ensemble du Maghreb, participe éminemment de la tectonique des plaques dont les montagnes, les failles et les crises volcaniques sont l’expression du mouvement de compression ayant fermé les océans. Trois épisodes résument l’histoire géologique du Maroc. Anté-mésozoïques, l’essentiel du Sahara marocain et l’Anti-Atlas peut être daté de deux milliards d’années. Après une longue période de recouvrement des terres par la mer, c’est à la fin de l’ère primaire que la collision des plaques provoque la structuration du Plateau central et des massifs granitiques. En final du Secondaire et au Tertiaire (notamment durant le Miocène et le Pliocène), se finalise la mise en place des Haut et Moyen Atlas (orogenèse hercynienne), puis de la chaîne rifaine (orogenèse alpine). Mais l’activité sismique reste d’actualité comme en ont tristement témoigné les tremblements d’Agadir de 1960 (15.000 disparus en dix secondes) et d’Al-Hoceima en 2004 (600 victimes).

Les plaines les plus vastes et les montagnes les plus hautes de l'Afrique du Nord se situent sur le territoire marocain. Quatre grands systèmes marquent le relief du pays : le Rif, le Moyen Atlas, le Haut Atlas et l'Anti-Atlas, et quelques 100.000 km2 s’élèvent au-delà de 2000 m d’altitude. La Cordillère rifaine, peu élevée, hérissée de crêtes gréseuses et qui se relève d’est en ouest, ourle en arc de cercle le rivage méditerranéen depuis l’embouchure du fleuve Moulouya jusqu’au Détroit de Gibraltar. Au sud de l’arc rifain, une dépression, la trouée de Taza, sépare le Rif du Moyen Atlas plissé (qui dépasse 3000 m) et marque aussi le seuil de l’Oriental, immenses plateaux recouverts d’Alfa, voués au pastoralisme et qui se prolongent sur l’Oranais. Au Moyen Atlas plissé succède à l’ouest les causses du Moyen Atlas tabulaire, au volcanisme récent et en ressaut duquel s’étagent de belles formations forestières. Le Plateau central en gradins réalise la transition avec les riches plaines côtières de la frange atlantique. Le Haut Atlas est une dorsale de presque 800 km où dominent les pics, les clochetons, les dômes entaillés de gorges étroites et de combes vertigineuses, montagnes flanquées d’un chapelet de riantes vallées et qui culminent à 4167 m au Mont Toubkal, toit de l’Afrique du Nord dominant la plaine de Marrakech. Le Haut Atlas succède au Moyen Atlas selon un alignement nord-est / sud-ouest et se prolonge jusqu'à l'Atlantique, où il se raccorde à l'Anti-Atlas, la plus méridionale des montagnes marocaines. Epaulant le revers méridional du Haut Atlas central, le Djebel Siroua, aux épanchements volcaniques très remarquables, forme une brutale charnière avec le reste de l’Anti-Atlas anté-mésozoïque. Cette dernière barrière accidentée avant le Sahara s’ouvre à l’ouest sur l’ample Vallée du Souss. Le versant saharien, ponctué de quelques oasis, annonce le domaine des ergs (dunes), des barkhanes (petites dunes mobiles), des regs (étendues plates de galets), des hamadas (plateaux où affleurent de vastes dalles rocheuses), des gour (buttes plates), des maaders (zones d’épandages des crues) et des oueds aléatoires et le plus souvent desséchés. C’est jusqu’en Mauritanie l’âpre paysage des quelques 300.000 km2 de Sahara marocain.

Du point de vue lithologique, la diversité est grande. Le socle précambrien et primaire rigide, propre à la plaque africaine, affleure dans bien des zones lorsqu’il n’est pas couvert de formations sédimentaires récentes, aplanies ou plissées, dominées par des calcaires, des dolomies et des marnes. La plupart des plaines alluviales, enserrées entre les différents Atlas et le Rif, sont identifiées par de fortes accumulations argileuses, limoneuses, voire localement sableuses. Le Rif s’individualise par une complexité de nappes vigoureusement plissées et charriées. Les accumulations de sables sont l’apanage du littoral et du domaine saharien sous l’effet de l’intense érosion éolienne. Cette diversité de roches-mères, l’action climatique et l’évolution végétale, procurent à l’édaphisme une pareille hétérogénéité et induisent un vaste échantillonnage de types de substrats, souvent polycycliques, le plus fréquemment marqués par une rubéfaction. Les paramètres bioclimatiques et altitudinaux, les étagements de végétation, la pluviométrie et bien d’autres facteurs contribuent à façonner une gamme qui se résume en sols : bruns forestiers, rouges ou bruns fersialitiques, isohumiques des types marron ou châtain, vertique ou tir (investi par l’agriculture), gris, peu évolué ou à minéraux bruts, et halomorphe (sodique).

Par sa double façade atlantique et méditerranéenne, le Maroc est le pays le plus arrosé du Maghreb. Il possède donc une grande richesse en eaux intérieures de surface, complétée par le stock remarquable des eaux souterraines que conservent les nappes phréatiques superficielles et fossiles. Mais l’eau reste une denrée précieuse dans un contexte climatique toujours imprévisible et susceptible de longues échéances sèches pouvant engendrer les effets néfastes du stress hydrique. Favorisé par un château d’eau constitué par ses montagnes élevées, le Maroc bénéficie d’un excellent réseau hydrographique, non navigable en raison de la nature accidentée du terrain et du régime capricieux des pluies, mais hautement utile, notamment au niveau des besoins d’irrigation. Les plus importants cours d’eau sont, vers la Méditerranée : l’Oued Moulouya (520 km) ; vers l’Océan : l’Oued Sebou (458 km), l’Oued Oum-er-Rbia (555 km), l’Oued Tennsift (270 km), l’Oued Souss (fleuve au débit intermittent) et l’Oued Drâa (intermittent dans sa partie centrale). Les Oueds sahariens sont caractérisés par un cours instable au débit spasmodique et aux crues violentes, ainsi que par une diminution des eaux vers l’aval. Lorsqu’ils ne sont pas affluents, leurs eaux limoneuses se perdent dans les confins désertiques. Il s’agit notamment du Ziz, du Rheris, du Sousfana, du Guir et du Dadès. Un réseau d’asifs (torrents et ruisseaux), certains sans étiage trop prononcé, parcourt les reliefs et afflut dans les grands oueds. Les zones humides continentales comprennent une vingtaine d’aguelmames et de lacs naturels permanents, essentiellement situés dans le Moyen Atlas humide (dayets de la région ifranaise), quelques-uns dans le Haut Atlas (Tislit, Isli, Ifni), de nombreuses dayas, mares plus ou moins éphémères, des merjas, lagunes permanentes, les embouchures et des pozzines (tourbières) d’altitude.

Le climat du Maroc est soumis aux influences contrastées de la Méditerranée, de l'Océan atlantique et du Sahara. Les reliefs du secteur occidental reçoivent de plein fouet les pluies océaniques, tandis que les lignes de crêtes jouent le rôle de barrières. Les plaines côtières (situées à la même latitude que les oasis du Sahara algérien !) sont riches et fertiles dans le nord, mais subissent l'influence saharienne dans leur partie méridionale, dès Essaouira et notamment à partir d'Agadir. Le climat est partout de type méditerranéen, avec une concentration hivernale des précipitations et une coïncidence de la période sèche avec la saison chaude estivale. Des variantes se manifestent sous de multiples influences locales (proximité maritime ou saharienne, latitude, altitude, courant froid des Canaries, exposition des versants, etc.) et engendrent une multiplicité de microclimats. L’anticyclone des Açores peut entraîner une forte irrégularité intra-annuelle et l’on note aussi un même désordre inter-annuel avec des séries d’années froides et pluvieuses pouvant succéder à de mêmes séries de chaleur et de déficit hydrique. Les moyennes annuelles des températures peuvent varier de 11,1 ºC à Ifrane (Moyen Atlas) à 19,9 ºC à Laâyoune (Sahara marocain). La température maximale absolue a atteint 46,4 ºC à Marrakech et celle minimale absolue –9,8 ºC à Ifrane. L’amplitude annuelle varie de 5,5 ºC à Essaouira à 15,5 ºC à Oujda. Les écarts extrêmes sont très forts et de l’ordre de 40 ºC, jusqu’à 60 ºC au Sahara ! Le niveau moyen des précipitations annuelles est très fluctuant, depuis 25 mm dans le bassin présaharien du Drâa jusqu’à 2000 mm dans la péninsule Tingitane. L’essentiel du territoire marocain reçoit moins de 500 mm, le Sud atlasique, l’Oriental et les plaines arides, moins de 300 mm. Il y a une augmentation très sensible des précipitations en rapport avec l’altitude et la proximité océanique, si bien que la dorsale des Atlas fait office de bouclier face à « l’avancée du désert », ce qui n’est hélas pas un frein à une désertification continentale pouvant résulter des surexploitations d’origines anthropiques. Avec un indice décennal en baisse, l’enneigement peut perdurer jusqu’à huit mois sur les plus hautes cimes du Haut Atlas. Mais les chutes annuelles de neige ne totalisent guère plus de vingt jours.

Depuis le front désertique à isohyète de moins de 100 mm jusqu’aux hauteurs rifaines très arrosées, la diversité des précipitations reçues selon les régions fait que le Maroc offre un large éventail de types bioclimatiques : saharien, aride, semi-aride, subhumide, humide et perhumide. Pour ce qui concerne la zonation altitudinale des écosystèmes, la gamme complète des étages de végétation définis en zone méditerranéenne se manifeste ainsi : Maroc saharien, inframéditerranéen, thermoméditerranéen, mésoméditerranéen, supraméditerranéen, montagnard méditerranéen et oroméditerranéen sur les plus hauts sommets. L’étage inframéditerranéen qui s’individualise dans le Sud-Ouest du pays, est particulier au Maroc.